La grippe en France

La grippe touche chaque année 2 à 8 millions de personnes en France. Les structures du réseau OSCOUR ont rapporté 15 503 passages urgences pour grippe durant la saison hivernale 2013-2014, dont 1 202 hospitalisations. 661 cas graves ont été admis en réanimation. Le nombre de décès attribuables chaque saison à la grippe est estimé chez les seules personnes âgées de 65 ans et plus à 9 000.

Le point sur l’épidémie actuelle janvier 2018

En France métropolitaine, la semaine dernière (2017s51), le taux d’incidence des cas de syndromes grippaux vus en consultation de médecine générale a été estimé à 349 cas pour 100 000 habitants (IC 95% [323 ; 375]), soit 227 000 nouveaux cas, en forte hausse par rapport à la semaine précédente (les données des 3 dernières semaines sont présentées à la fin du bulletin). Durant les 2 dernières semaines, 355 000 personnes auraient consulté un médecin généraliste pour ce motif. Au niveau régional, les taux d’incidence les plus élevés ont été observés en : Ile-de-France (510 cas pour 100 000 habitants, IC 95% [410 ; 610]), Provence-Alpes-Côte d’Azur (495, IC 95% [387 ; 603]) et Bretagne (432, IC 95% [328 ; 536]), en forte hausse par rapport à la semaine précédente (les données régionales complètes sont présentées à la fin du bulletin). Concernant les cas rapportés, la semaine dernière, l’âge médian était de 26 ans (1 mois à 90 ans); les hommes représentaient 48% des cas. Les tableaux cliniques rapportés par les médecins Sentinelles ne présentaient pas de signe particulier de gravité : le pourcentage d’hospitalisation a été estimé à 0,1% (IC 95% [0,0 ; 0,4]). Les données Sentinelles sont intégrées dorénavant à un outil de détection des épidémies de grippe développé par Santé publique France couplant des informations issues de soins primaires et d’urgences hospitalières [1]. Pour la semaine dernière (2017s51, du 18 au 24/12/17), il a été noté une forte augmentation des cas de syndromes grippaux en métropole : toutes les régions métropolitaines sont en phase épidémique, hormis la Corse qui est en phase pré-épidémique.

Au laboratoire

Dr Frank Mentz

 

 

La mise en évidence du virus de la grippe et son éventuel typage ont un intérêt en épidémiologie, en période d’épidémie, de pandémie, mais également chez des patients dont la gravité de l’état nécessite de connaître précisément la cause de leurs symptômes.

Il est possible de mettre le virus en évidence de manière directe, ou indirecte. Les méthodes directes sont les plus sensibles et spécifiques.

Méthodes directes

Culture virale: réservée au centre national de référence et à la recherche. Cette technique n’est plus utilisée pour le diagnostic de la maladie. Le délai nécessaire à la réponse, son coût, et la difficulté d’interprétation des signes de cytotoxycité cellulaire étant peu compatibles avec la pratique clinique de routine, le budget réduit de l’assurance maladie, et l’accrédiation selon la norme ISO 15189.

PCR: amplification génique, recherche des virus A et B, et de sous types de virus spécifiques (par exemple H1N1). Très fiable, relativement peu onéreuse au vue de la technologie déployée, cette technique est rapide et permet de poser un diagnostic de certitude.

Méthodes indirectes

Sérologie ELISA. Les souches de virus évoluant régulièrement, et le contact de chaque patient avec le virus de la grippe étant lui aussi régulier (par le biais des épidémies et/ou des vaccinations), l’apport de la sérologie et des techniques sérologiques est limité. Elle a l’avantage de démontrer un contact (ou une vaccination) antérieur, et éventuellement d’identifier le type (A ou B du virus). La recherche des IgA est par ailleurs peu spécifique, et sujette aux faux positifs.

Test immunochromongénique (lateral flow): test dit savonnette, test rapide ou TROD moins performant que la sérologie. Ils présentent éventuellement un intérêt pour s’orienter rapidement dans un contexte épidémique (par exemple au SAU en période d’épidémie, ou en EPHAD dans le même contexte) le test devant alors être réalisé dans les 48 à 72 premières heures pour maximiser sa sensibilité. Le délai de réalisation du test (30 min contre 45 pour une RT-PCR) est cependant anecdotiquement plus court. Les conditions d’utilisation sont normées, et nécessitent le respect de la procédure et l’utilisation par des personnels de santé formés afin d’assurer un minimum de fiabilité, d’autant que la qualité du prélèvement impacte directement la sensibilité du test. La positivité éventuelle du test devrait conduire à une confirmation par technique de RT-PCR. La négativité n’exclue pas le diagnostic de grippe (contrairement à une RT-PCR négative).

Le prélèvement doit être réalisé comme montré sur cette vidéo: http://content.nejm.org/cgi/content/full/NEJMe0903992/DC1

BPR propose des tests directs par amplification du matériel génique du virus (RT-PCR), y compris la recherche du virus A H1N1, ainsi qu’une sérologie ELISA.

Retrouvez le début du dossier sur la grippe ici

Retrouvez l’article sur la pandémie de 1918 ici

  1. Shao W, Li X, Goraya MU, Wang S, Chen J-L. Evolution of Influenza A Virus by Mutation and Re-Assortment. Int J Mol Sci. 2017;18(8). doi:10.3390/ijms18081650.
  2. Worobey M, Han G-Z, Rambaut A. Genesis and pathogenesis of the 1918 pandemic H1N1 influenza A virus. Proc Natl Acad Sci USA. 2014;111(22):8107-8112. doi:10.1073/pnas.1324197111.
  3. Ansart S, Pelat C, Boelle P-Y, Carrat F, Flahault A, Valleron A-J. Mortality burden of the 1918-1919 influenza pandemic in Europe. Influenza Other Respir Viruses. 2009;3(3):99-106. doi:10.1111/j.1750-2659.2009.00080.x.
  4. Taubenberger JK, Morens DM. 1918 Influenza: the mother of all pandemics. Emerging Infect Dis. 2006;12(1):15-22. doi:10.3201/eid1201.050979.
  5. Tumpey TM, Basler CF, Aguilar PV, et al. Characterization of the reconstructed 1918 Spanish influenza pandemic virus. Science. 2005;310(5745):77-80. doi:10.1126/science.1119392.
  6. Wilson IA, Skehel JJ, Wiley DC. Structure of the haemagglutinin membrane glycoprotein of influenza virus at 3 A resolution. Nature. 1981;289(5796):366-373.