Autotests VIH, caveat.

Comment gérer l’annonce d’une séropositivité quand on s’est enfermé dans sa salle de bain, test en main ? Pour le docteur Roland Tubiana, médecin infectiologue à la Pitié-Salpêtrière, il faut « admettre que c’est la première étape vers un parcours de soins et s’assurer que les gens sont bien informés de la marche à suivre. Quand on fait un test de grossesse, on sait tout de suite ce qu’on doit faire. Pour cet autotest sanguin, ce doit être pareil ». En théorie, un malade informé par autotest doit rapidement confirmer son diagnostic par une prise de sang en laboratoire. L’autotest renvoie également vers « Sida Info Service », pour entamer une rapide prise en charge médicale. Mais c’est encore au patient de faire le premier pas.

La question des faux négatifs

Le docteur Thomas Nenninger, Président du syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) dénonce ainsi une « démédicalisation » de l’ensemble des patients. « Finalement, ça se fait en dehors de toute coopération avec les médecins, des experts qui expliquent quelles sont les thérapeutiques possibles. »

Autre souci, le message délivré par les autorités de santé. Les personnes ayant recours à ces tests auront a priori un doute sur une éventuelle contamination. Mais les autotests ne dépistent que le VIH si la contamination est intervenue dans un délai de plus de trois mois. « On ne parle pas des autres infections comme les hépatites, notamment. Les gens se croiront prémunis

[si le test est négatif] mais seront éventuellement contaminants sur d’autres maladies non dépistées. » Des cas de « faux négatifs » peuvent également apparaître en cas de mauvaise lecture du résultat ou d’une mauvaise conservation du test avant usage.

La fin d’une traçabilité ?

Pour le SJBM, le public cible de ce dispositif risque aussi d’être loupé. Les 30.000 personnes infectées sans le savoir seraient principalement des « gens en marge du système de soin, principalement des nouveaux entrants sur le territoire français ». Pour eux, le prix d’achat du test (28 euros) risque d’être prohibitif et leur prise en charge thérapeutique compliquée dans un second temps.

En termes de santé publique, cette pratique risque enfin de rompre une certaine traçabilité. Les données statistiques pourraient ne plus remonter du terrain. Reste que cet autotest permettra d’atteindre des patients préférant ne pas avoir recours au corps médical. Des malades pour qui la notion de secret médical ne suffit pas.