La PCT dont le rôle biologique n’est toujours pas clairement établi bien que son utilité soit prouvée est un marqueur fiable en clinique pour l’aide au diagnostic des infections non virales.

Lorsqu’un processus inflammatoire ou  infectieux est en jeu, la PCT est produite par les cellules parenchymateuses sous l’influence des endotoxines bactériennes environ 12h après l’apparition de l’état inflammatoire/septique (marqueur précoce).

En l’absence d’inflammation la PCT, précurseur (116 aa) de la calcitonine produite par les cellules C de la thyroïde, est clivée juste après sa sécrétion, on comprend ainsi que sa concentration soit indétectable dans la circulation (<0.1 ng/ml).

La PCT est un marqueur  d’infection bactérienne en particulier pour les patients hospitalisés en réanimation. Le cut-off  de détection d’infection bactérienne (autre que localisée) optimal est de 0.2-0.25 ng/ml, avec une sensibilité de 66 à 77 % et une spécificité de 59% à 68%.

La PCT est également un bon marqueur discriminatif du sepsis (infection bactérienne systémique) par rapport au  SIRS (syndrome de réponse inflammatoire non infectieux). En effet une valeur seuil de 1.1 ng/ml permet d’obtenir une sensibilité de 77 % et une spécificité de 79%.

C’est également un marqueur dont la concentration plasmatique est très peu impactée par une éventuelle insuffisance rénale.

Un intérêt médical supplémentaire de la PCT est rapporté également, avec une puissance diagnostic variable, dans la détection des infections post cardiotomie,  des complications nécrosantes de pancréatites aiguës, des surinfections nosocomiales liées à la ventilation assistée et chez l’immunodéprimé.

Du fait de l’association évidente entre PCT et sévérité des infections bactériennes, il était naturel de se demander si une stratégie de guidage de  l’antibiothérapie  était possible.

L’intérêt en réanimation étant de raccourcir la durée des traitements antibiotiques pour des raisons évidentes d’écologie bactérienne et d’utilisation raisonnée de l’arsenal antibiotique dans le contexte de l’émergence de « superbugs » (bactéries multirésistantes, on pense en particulier aux EPC, mais également à certaines souches de mycobacterium tuberculoses ou encore à celles des gonocoques extrêmement résistants qui commencent à être signalés).

Une étude multicentrique randomisé PRORATA a permis d’établir un algorithme basé sur la concentration de  PCT  en dehors des situations d’urgence thérapeutique (méningite, choc septique). Le voici ci dessous:

algo PCT

S’il est difficile d’initier un traitement antibiotique sur la seule valeur de PCT en milieu de réanimation du fait du délai d’apparition du pic on peut en revanche l’arrêter avec une bonne confiance en s’appuyant sur la concentration du marqueur ou sa cinétique.

La résistance aux antibiotiques est un réel enjeu de santé publique et  en particulier en milieu de réanimation ou les infections les plus graves sont rencontrées.  Un arrêt de l’antibiothérapie est souhaitable pour des concentrations de PCT < 0.5 ng/ml ou une décroissance supérieur à 80% du pic plasmatique de PCT.

Int J Antimicrob Agents. 2015 Dec;46 Suppl 1:S19-24. doi: 10.1016/j.ijantimicag.2015.10.012. Epub 2015 Nov 1.

Procalcitonin-guided therapy in intensive care unit patients with severe sepsis and septic shock–a systematic review and meta-analysis. Crit Care. 2013 Dec 11;17(6):R291. doi: 10.1186/cc13157

 

—Dr Jonathan Oliel