Chères consoeurs, chers confrères, amis libres,

Le Réseau BPR fête en ce mois de mai 2018 sa 10e année d’existence.
Ce n’est pas simplement un anniversaire. C’est plutôt un aboutissement issu d’une suite ininterrompue de victoires sur le doute, l’inertie et les embûches. C’est la transformation concrète d’un espoir en réalité. En ces temps où toutes sortes de turpitudes assaillent la communauté des biologistes jeunes et moins jeunes, affligés au présent et inquiets pour leur avenir, osons le dire sans ambages ni fausse modestie: c’est un succès flamboyant, une lumière au bout du tunnel que traverse notre profession depuis trop longtemps.

C’est le 10 mai 2008 que BPR est porté sur les fonts baptismaux. Cette naissance est le fruit d’une gestation de 3 années de réflexions, d’idées et de débats: 6 structures d’implantation locorégionale décident de s’émanciper des dogmes qui régissent notre profession. Notre indépendance est érigée en apophtegme: plutôt mourir libres que vivre à genoux. S’agissant d’une démarche nouvelle et sans équivalent à cette date, celle-ci sera décriée, moquée, suspectée… avant d’être copiée. Plus exactement imitée, avec probablement pour ceux qui s’y sont essayé une envie légitime de mettre en oeuvre ce à quoi ils n’avaient longtemps pas cru tout en essayant de rattraper le temps perdu.
Notre volonté était et est encore aujourd’hui d’exercer notre profession de façon libre et indépendante ce qui est le corollaire de ce à quoi nous oblige notre éthique médicale: 2000 ans d’histoire et la longue lignée de nos pères nous observent et nous guident en ce sens. Exercer librement, tout en préservant notre capacité à maintenir et à créer les emplois nécessaires qualifiés et non délocalisables qui nous permettent de pratiquer sereinement l’art médical afin d’assumer notre rôle dans le maintien d’une santé publique de qualité (pas simplement au sens 15189, mais à celui de la véritable qualité).

Nous avons ainsi successivement créé:
– une structure d’analyses spécialisées BPR-AS (www.bpr-as.com) permettant de regrouper les analyses rares ou délicates à mettre techniquement ou intellectuellement en oeuvre tout en permettant la rémunération légitime et légale de ses bénéficiaires. En effet, bien qu’interdite, la « ristourne » continue d’être pratiquée sous des formes parfois curieuses pour ne pas dire subreptices. La Selas BPR-AS est donc chapeautée par un holding « par le bas » permettant un dividende pour chaque structure du réseau proportionnel à l’activité générée par chacune d’entre elles. C’est juste et transparent. Et ce choix permet d’assumer pleinement notre indépendance voulue: il est en effet peu efficace et peu crédible de se targuer d’indépendance quand on adresse une part non négligeable de son activité aux laboratoires « spécialisés » financiarisés.
– une structure d’achat (GIE BPR) permettant une gestion intelligente des aspects contractuels que nous partageons avec nos fournisseurs dans un esprit de partenariat loyal, exigeant et bienveillant. Les valeurs que nous défendons s’exercent également à ce niveau: la qualité de l’analytique est notre critère de choix premier, l’unicité de traitement des structures participantes une obligation.
– une structure assurant la « logistique » entre les différents laboratoires du réseau (Prologics). Pour avoir tenté un partenariat avec les sociétés exerçant dans ce domaine, nous n’avons pu que constater leur incurie ou leur déficience. Le challenge que nous avons relevé à cette époque fut inversement proportionnel à notre inculture en la matière. Accréditée aujourd’hui, notre structure « de course » emploie 240 salariés et parcourt 21000 kilomètres quotidiennement. Il va de soi que ce sont les structures du réseau qui en sont les actionnaires.
– une structure informatique permettant une communication efficace entre les laboratoires du réseau 24H sur 24, 365 jours par an.
La vie du réseau passe également par les commissions dans différents domaines qui composent le périmètre de notre profession où peuvent s’exprimer les talents des biologistes heureux de faire partie de notre communauté. Ces pôles d’excellence permettent à tous de bénéficier des connaissances de ceux qui parmi nous se sont spécialisés dans un champ d’exercice qui les passionne.
La persévérance confinant à l’acharnement nécessaire au développement de ce « machin » (pour paraphraser le Général De Gaulle qu’il me pardonne) m’a amené plus d’une fois à tutoyer mes limites (mise en oeuvre de techniques sophistiquées, accréditation, multiplication des échanges logistiques, recrutements techniques et scientifiques, structuration de la gouvernance, constructions foncières, autorisations en tout genre…). Mais il a permis de créer un outil partagé par tous les biologistes qui ont su imaginer assez tôt ce vers quoi notre profession devait tendre pour éviter le choix peu enthousiasmant de la faillite ou de la vente (plus ou moins forcée d’ailleurs, celle-ci étant dans nombre de cas orchestrée par des enseignes étrangères jusqu’il y a peu au paysage médical français et souvent habilement camouflées derrière le discours faussement rassurant des biologistes ayant tourné le dos aux valeurs que nous défendons).

L’année qui vient de s’écouler, riche en annonces de créations, de rachats et autres démonstrations médiatiques de ceux qui spéculent d’une part et de ceux qui s’évertuent à mettre en oeuvre les conditions nécessaires pour se créer un avenir attrayant d’autre part, nous a permis de faire un pas supplémentaire vers l’autonomisation de notre modèle par la création de la structure Labofrance. Il s’agit d’une entité « capitalistique » fruit d’une collaboration efficace et pragmatique (donc éloignée des arguties qui prennent souvent le pas sur la logique et l’honnêteté intellectuelle dans notre profession) entre plusieurs groupements de laboratoires méridionaux et les laboratoires composant plus anciennement le réseau BPR. Cette structure vient s’ajouter à l’ensemble des composantes existantes du réseau: celui-ci s’agrandit en accueillant ces laboratoires indépendants (est-il besoin de le rappeler) et Labofrance devient d’emblée la seule structure capitalistique composée exclusivement de biologistes susceptibles de rivaliser avec les officines gérées par ce qu’il est convenu de regrouper sous le terme de « fonds-de-pension ». En coalisant nos moyens financiers, ce nouvel outil permet:
– l’intégration de nos plus jeunes confrères tout en permettant le départ des plus anciens: la transmission est un véritable problème auquel nous nous devions de trouver une solution éthique pour éviter qu’un laboratoire qui voit partir ses aînés n’aie d’autre solution qu’un rachat « financier » .
– une stratégie financière permettant la poursuite d’une activité libérale dont la profession n’aurait jamais dû se départir (par fusion ou rachat des laboratoires à la vente): un biologiste médical motivé car partie prenante sera toujours plus productif (et son équipe avec lui) que ne le seront jamais les salariés des structures gérées par les « fonds-de-pension » .
BPR/Labofrance permet ainsi à tous ceux qui n’ont pas la moindre envie de se vendre de conserver leur indépendance totale en s’appuyant sur une synergie confraternelle salvatrice, de pouvoir se passer des fonds spéculatifs pour leur biologie spécialisée, de bénéficier des prix du réseau, d’une logistique qui est probablement la meilleure de France, d’avoir accès aux commissions et donc à l’entraide confraternelle de tous les biologistes participants, et de trouver prêtes, le jour venu, les solutions de financement permettant une retraite sereine et/ou une transmission satisfaisante de leurs actifs.
Le laboratoire spécialisé BPR-AS accueillera avec enthousiasme tous les laboratoires indépendants qui en feront la demande.
On dit que l’espoir fait vivre. Avec BPR/Labofrance, nous n’avons jamais cessé d’espérer ni de lutter, et nous avons créé collectivement les moyens de notre exercice futur.

—Dr Frank MENTZ
Fondateur de BPR-AS — Co-fondateur du réseau BPR